Les drapeaux de prières sont traditionnellement mis au sommet d'une montagne ou en des lieux hauts afin de propager grâce au vent l'énergie positive des prières peintes et ce pour bénéficier de nombreux êtres sensibles dans toutes les directions. Les drapeaux de prières peuvent être suspendus soit horizontalement sur les avant-toits d'un bâtiment soit fixés verticalement à des poteaux. Ils peuvent également être accrochés à l'intérieur afin d'augmenter l'atmosphère spirituelle. Il est très important de consulter un calendrier astrologique avant de suspendre votre drapeau de prière. Selon le calendrier tibétain, il y a des jours où un certain BADEN est présent. Baden est un démon appartenant aux esprits Naga ; aussi suspendre les drapeaux alors que leur énergie est active peut avoir un effet négatif : vous rencontrerez continuellement des obstacles aussi longtemps que ceux-ci resteront accrochés. Ceci ne s'applique pas aux drapeaux de prières qui sont déjà en place, mais seulement pour les nouveaux qu’on a l’intention d’accrocher. Une fois en place, il n'y a aucune nécessité de les retirer avant qu’ils se désintègrent.
Vérifiez les jours de bon augure pour accrocher les drapeaux dans un calendrier tibétain, par exemple le calendrier de « Liberation prison project ».
Historique des drapeaux de prières tibétains
L’usage des drapeaux de prières remonte à des milliers d'années avec la tradition du Bön dans le Tibet pré-bouddhiste. Les chamanes Bön fabriquaient et accrochaient des drapeaux de prières de cinq couleurs représentant les cinq éléments – terre, air, eau, feu et espace. Il y a également une tradition où les drapeaux représentent les éléments de notre propre corps (reins, poumons, coeur, foie, rate/pancréas). Symboliquement ces éléments sont reliés à des processus fondamentaux de notre corps et de notre environnement. Conformément à la médecine orientale, la santé et l’harmonie sont produites par l’équilibre de ces cinq éléments. On pensait que, arrangés correctement autour d'un patient, les drapeaux de couleur rétablissaient l’harmonie des éléments de son corps, aidant à produire un état de santé physique et mentale. Les drapeaux étaient aussi utilisés pour aider à apaiser les dieux locaux et les esprits des montagnes, des vallées, des lacs et des cours d'eau. Ces êtres élémentaires, une fois courroucés, étaient réputés provoquer des catastrophes naturelles et des maladies. Rééquilibrer les éléments externes et rendre hommage à ces esprits à l’aide de rituels et d’offrandes était la manière Bönpo pour pacifier la nature et recevoir les bénédictions des dieux.
Alors que le Bouddhisme se répandit depuis l’Inde au cours du premier millénaire, il incorporât certaines des traditions Bön antérieures. Des iconographies et des mantras sacrés furent peints sur les drapeaux Bön, créant ainsi les débuts de ce qui est maintenant connu comme drapeaux de prières tibétain.
À l'origine, l'écriture et les images sur les drapeaux de prières étaient peintes à la main. Quand au XVème siècle, des tablettes de bois sculptées furent introduites de Chine, il devint possible de reproduire des estampes identiques à un même dessin original. Des dessins traditionnels purent alors être facilement transmis à travers les générations.
La plupart des dessins des drapeaux de prière étaient créés par des maîtres bouddhistes renommés et ensuite copiés par des artisans laïques. Il y a relativement peu de dessins de base et aucune réelle innovation dans le processus d’impression n’apparut au cours des 500 dernières années. La plupart des drapeaux de prière importés en occident aujourd'hui sont toujours faits à l’aide de tampons de bois, bien que certains soient maintenant produits à partir de blocs de zinc dont la surface peut être gravée photographiquement. Cela permet des niveaux de détail plus fins qu’avec des tampons sculptés à la main. Les pigments naturels de terre ont été remplacés par des encres d'imprimerie. La plupart des drapeaux de prière traditionnels sont faits aujourd'hui au Népal et en Inde par des réfugiés tibétains ou par les bouddhistes népalais dans les régions frontalières tibétaines.
Signification et usage
Au début du VIIème siècle, le roi tibétain Song Tsen Gompo envoya son ministre en Inde afin d'y apprendre le sanscrit et l'écriture. L'écriture tibétaine que l'on peut voir aujourd'hui sur les drapeaux est copiée d'un modèle utilisé à cette époque. Les textes imprimés peuvent schématiquement être rangés en mantras, sutras et prières.
Les mantras ont la capacité d'influencer certains niveaux d'énergie. Ils sont le plus souvent en sanscrit. Leur longueur varie de une syllabe, syllabe germe, jusqu'à plusieurs centaines. Leur sens profond est au delà des mots et donc ils ne sont pas toujours traduisibles. Le plus répandu et certainement le plus vieux mantra bouddhiste est le mantra à six syllabes de Tchenrézi : OM MANI PADME HUNG.
Les Sutras sont des textes écrits en prose et basés sur des enseignements issus directement du Bouddha historique, Shakyamuni. Il y a des versions en milliers de vers, des versions moyennes et des versions courtes. On trouve souvent sur des drapeaux de prières une version courte appelée "dharani". Assez proche d'un mantra, le dharani contient des formules magiques constituées de syllabes. Les louanges aux 21 Taras, la prière de longue vie sont des exemples de sutras imprimés sur des drapeaux de prières.
Les autres textes utilisés sur des drapeaux peuvent être catégorisés sous le terme de prières. On y trouve des suppliques, des prières
d'aspiration et des voeux composés par les grands maîtres de la tradition Mahayana.
Les drapeaux de prière tibétains sont appelés « Lungta » parmi les Tibétains ce qui se traduit par « windhorse » (cheval du vent).
Les drapeaux les plus courants contiennent le mantra de « Ghachenchemon » imprimés sur eux. La traduction littérale est « Ombrelle Suprême », celle qui octroie la protection d’une prière sacrée à ses disciples. Le mantra invoque le souhait que tous les êtres sensibles aient une vie riche de réalisations, sans crainte, ni douleur, sans misère, sans ignorance, maladie ou échec.
Habituellement une représentation du « cheval du vent » est au centre de chaque drapeau dans un ensemble de cinq; quatre créatures surnaturelles et symboliques se trouvent à
chaque coin : le dragon (puissance), le Garuda (sagesse), le lion des neiges (joie sans peur) et le tigre (confiance). Le cheval du vent galope comme le vent en transportant sur son dos le joyau
accomplissant tous les souhaits qui rayonne de paix, de prospérité et d'harmonie. Le cheval du vent symbolise l'accomplissement du travail positif par l'élimination de tous les obstacles. Autour
de celui-ci est écrit un mantra Bön ainsi qu’une ligne qui dit : « puisse le cheval de bonne fortune courir vite et augmenter le pouvoir de la vie, la notoriété, la chance, la richesse,
la santé et ainsi de suite. »
D’autres drapeaux peuvent être porteurs des représentations d'êtres éveillés, de protecteur et de symboles de bon augure.
Transcrit de "ME-LONG, le bulletin du Conseil pour les affaires religieuses et culturelles de SS. le Dalaï Lama, no 7, décembre 1990)
Le hissage des drapeaux afin d'attirer la chance est l'une des nombreuses coutumes au sein des communautés nomades du Tibet qui ont très peu changé depuis plusieurs milliers d'années. Cependant, la signification de ce rituel a progressivement évolué depuis une signification militaire pour devenir religieuse.
Que l'utilisation originale de drapeaux au Tibet était militaire est illustrée par le terme « Ru-dar » ou bannière. RU se réfère à un regroupement de nomades qui se rassemblent avant de rejoindre de nouveaux pâturages et donc, dans un sens archaïque une sorte d’armée. Les bannières (ru-dar) trouvées dans la littérature antique étaient des drapeaux militaires. L'accrochage des drapeaux a commencé à acquérir une signification religieuse dans la tradition du Bön et on peut remarquer que la conception des drapeaux a également progressivement changé. Cette écriture de mantras sur tissu pour produire un drapeau de signification religieuse remonte à l'Immaculé g.Yung-drung-gtsang-ma-zhang-zhung, un ensemble d’enseignements Bonpo, qui disent que lorsqu'un mantra est enveloppé dans cinq soies colorées et est placé en haut d’une montagne, il fournira à quiconque le voit la chance de devenir éveillé. Si vous joignez un mantra enveloppé de cette façon au sommet d'une bannière de victoire et priez pour elle, la vénérez et lui faites des offrandes précieuses, alors, selon la tradition, vous accomplirez tous vos objectifs. La signification de ce mantra Bön nécessite des explications.
La puissance protectrice des mantras est illustrée par l'histoire suivante. Quand le Bouddha était dans le Royaume des dieux « trente-trois », assis sur une pierre plate aussi blanche que ses vêtements, Indra, roi des dieux, vint à lui et se prosterna. Indra expliqua que lui et les dieux du Royaume « trente-trois » subirent une grande défaite devant Vemchitra, le roi des dieux jaloux. Il demanda à Bouddha ce qu'il devait faire. Bouddha lui dit de mémoriser le mantra contenu dans la prière « Ornement du Sommet de la Bannière de Victoire ». Bouddha expliqua qu'il avait reçu ce mantra du Tathâgata appelé Irrépressible et l’avait lui-même enseigné à de nombreux disciples. Il dit qu’à partir du moment où il apprit le mantra il ne se souvient pas ne serait-ce qu’un instant avoir ressentit peur ou terreur, aussi il dit à Indra de transporter ce mantra dans les batailles pour assurer la victoire.
De grands maîtres ont écrit des textes rituels louant le Dra-lha, une divinité qui aide à surmonter les obstacles et les ennemis, et le hissage des drapeaux Dra-lha a pour but de faire prospérer le Dharma, de promouvoir le bien-être de tous les êtres sensibles, surtout ceux qui se livrent à ces rituels. Dans une vieille histoire Dra-lha, les dieux profitaient des fruits de l'arbre accomplissant tous les souhaits, arbre qui poussait dans la vallée du mont Meru. Comme l'arbre était enraciné dans le domaine des demi-dieux, ils prétendirent que les fruits étaient également leurs et une bataille s'ensuivit. Indra vint voir Vajrapani et lui demanda conseil. Vajrapani dit à Indra d'inviter les frères de Dra-lha pour leur demander leur aide. Neuf armes et neuf divinités apparurent alors du grand océan. Par le biais de l'adoration de ces divinités, Indra fut capable de vaincre les demi-dieux et de remporter la victoire.
Comment et quand hisser ses drapeaux
Il existe de nombreux types de drapeaux tibétains, par exemple le dar-ding, une longue chaîne horizontale de drapeaux qui flottent entre les arbres ou les bâtiments et le dar-chen, un drapeau étroit qui est hissé le long d’un poteau.
L'ordre dans lequel se succèdent les cinq couleurs est toujours le même : bleu, blanc, rouge, vert et jaune. Dans le cas d'une disposition verticale, le bleu est en haut. S'ils sont cousus ensemble ils présentent alors une pièce suplémentaire, une petite "couette", à l'opposé du mât, sur laquelle est imprimé un mantra destiné à amplifier le pouvoir des prières.
Les cordelettes de drapeaux peuvent être accrochées entre deux arbres (le plus haut possible), entre les colonnes d'une maison ou le long des avancées d'un toit. Si elles sont fixées en dénivelé, faire attention que le cheval du vent, s'il est représenté regarde vers le haut.
Les drapeaux sont hissés les jours auspicieux tels que le dimanche, lundi, mercredi, jeudi et vendredi et aussi lorsque les étoiles sont en position favorable selon l’almanach tibétain. Les drapeaux sont accrochés par des familles issues de tous les milieux sociaux ; ils sont hissés en des occasions importantes comme le troisième jour du nouvel an tibétain, les mariages et les réceptions officielles. Les drapeaux sont également hissés en cas d'interférences, ou de maladie, afin d'éviter des désagréments supplémentaires.
Dans certaines régions du Tibet, lors de la cérémonie du mariage, les invités se rassemblent sur le toit de la maison du marié et effectuent un rituel dans lequel la mariée touche les drapeaux de prières. Ces drapeaux sont ensuite hissés sur le bâtiment abritant les protecteurs. Des offrandes d’encens sont faites, et à partir de ce moment, la mariée devient un membre de sa nouvelle famille. Au bout d’un an de mariage, la mariée retourne chez elle et effectue une fois de plus la même cérémonie, et ce faisant, elle se sépare de sa famille d'origine.
Les drapeaux sont utilisés comme protection contre les dommages par les voyageurs. Avant de monter à bord d’un bateau pour traverser une rivière, les passagers effectuent une cérémonie dans laquelle les drapeaux sont attachés à la figure de proue en forme de cheval. Des prières sont dites tandis que du grain et de l’encens sont offerts aux dieux. De cette façon, ils s’assurent une traversée sans danger.
À l'origine, les cérémonies de drapeaux étaient destinées à procurer un avantage dans cette vie ci, mais tandis qu’elles s’imprégnaient de plus en plus de sens religieux, elles en vinrent à être associé à des bénéfices dans les vies futures et à la réalisation de succès spirituel plutôt que matériel. Si dans la forme les cérémonies et rituels ont très peu changé, la signification ou le contenu des rituels a évolué progressivement en un élément spirituel grâce à un mélange de symbolisme Bön et bouddhiste.
Au moment d'accrocher des drapeaux de prières, il est important de générer une bonne motivation. Si l'on pense à ce moment-là en retirer des bénéfices personnels alors c'est une motivation égoïste qui n'apportera pas grand chose. Par contre, si l'on souhaite que tous les êtres dans toutes les directions recoivent bienfaits et bonheur, alors les mérites créés par cette motivation altruiste augmenteront le pouvoir des prières.
Dans la tradition tibètaine, un drapeau de prière est un objet sacré. Parce qu'ils contiennent des textes ou des symboles sacrés, ils doivent être manipulés de façon respectueuse. Ils ne doivent pas traîner par terre ou être jetés avec des ordures. Pour s'en débarasser de façon correcte, on peut les faire bruler (avantage du coton sur le polyester) et imaginer que la fumée transporte les bénédictions dans tous les royaumes d'existence.
Quelques variétés de drapeaux
Tara Blanche est la manifestation dans sa forme féminine de l'énergie éveillée de longue vie et de bonne santé. Elle a sept yeux et rayonne d’une énergie pacifique ; elle est assise dans la posture de méditation. Offrir des drapeaux de prière de Tara Blanche pour la longue vie d'une personne qui rencontre des obstacles, peut être très de bon augure pour son bien-être.
Gyaltsen Tsemoi Phugen : ce drapeau de prière a été dessiné par Lama Zopa Rinpoché. Il offre protection contre le préjudice, la peur, les maladies contagieuses et donne la victoire sur les guerres, les conflits, les disputes et les dangers. Si l’on porte sur soi la prière qui est écrite sur ce drapeau, on n’est plus contrôlé par quiconque.
Les huit mantras puissants sont les plus puissants moyens pour lever tous les obstacles à la réussite matérielle et spirituelle. Le stupa Kadampa au milieu du drapeau de prière symbolise la suppression des obstacles à la diffusion des enseignements du Dharma.
Drapeau de prière pour éviter de guerre : la prière spéciale sur ce drapeau a été écrite par le grand yogi Tongten Gyalpo,
lorsqu'une guerre éclata entre le clan Sakya et leurs voisins. Grâce à la puissance de récitation de cette prière, la guerre a été évitée.
Dans notre situation mondiale actuelle, avec tellement de désaccords, de combats et de violence, il est grandement bénéfique de réciter cette prière ou d’accrocher ces drapeaux afin que la prière écrite dessus soit emmenée par le vent et profite à tous.
Drapeaux de prières de Mahakala : sert à protéger le pratiquant du Dharma contre tous les obstacles internes et externes.
Le drapeau de prières de Lama Tsongkhapa: ce magnifique drapeau de prières a été conçu par Lama Zopa Rinpoché et a nécessité trois années de préparation. En 2007, Lama Zopa
Rinpoché a recommandé à tous les centres, projets et services de la FPMT de faire flotter ce drapeau (ainsi que le drapeau de prières de gyaltsèn tsémoi
phugèn) pour favoriser chance et protection. Les prières inscrites sur le drapeau comprennent la Prière de refuge, la Prière pour le développement des enseignements de Lama
Tsongkhapa, la Prière Qui accomplit ce qui est favorable, laquelle inclut des prières aux cinq Dhyani bouddhas, la Prière de Lama Tsongkhapa, des prières de
dédicaces et des prières pour conjurer les guerres, les séismes et les catastrophes naturelles dans cet univers et en particulier dans les endroits où flotte ce drapeau.